« … Son Cœur étant une partie très noble de sa nature humaine et uni hypostatiquement à la Personne du Verbe Divin et, de ce fait, mérite le même culte d'adoration dont l'Eglise honore la Personne du Fils de Dieu incarné : c'est là une vérité de foi catholique, solennellement définie au Concile œcuménique d'Ephèse et au second Concile de Constantinople. […] Rien ne s'oppose donc à ce que nous adorions le très Sacré Cœur de Jésus-Christ, puisqu'il participe à cet amour inépuisable que notre Divin Rédempteur ressent toujours pour l'humanité et qu'il en est le symbole naturel et si expressif. Ce Cœur, sans doute, n'est plus sujet aux vicissitudes de cette vie mortelle, mais il vit, il bat et il est uni indissolublement à la Personne Divine du Verbe et, en elle, par elle, à la Volonté Divine. Puis donc que le Cœur du Christ déborde d'amour divin et humain, puisqu'il est riche de tous les trésors de grâces que notre Rédempteur a acquis par sa vie, ses souffrances et sa mort, il est assurément la source éternelle de cette charité que son Esprit répand dans tous les membres de son Corps mystique. […] Il suffit de rappeler le souvenir de cette époque où se développait le culte du Sacré-Cœur de Jésus pour comprendre clairement que ses progrès étonnants venaient de ce qu'il s'accordait parfaitement à l'essence de la religion chrétienne, qui est une religion d'amour. Qu'on ne dise donc pas que cette dévotion est née d'une révélation privée faite par Dieu ni qu'elle a surgi tout à coup dans l'Eglise ; mais elle a jailli spontanément de la foi vive, de l'ardente piété, que des cœurs comblés des dons du ciel ressentaient pour notre adorable Rédempteur et pour ses plaies glorieuses, qui leur semblaient le témoignage le plus touchant de son immense amour. Il est donc clair que les révélations faites à sainte Marguerite-Marie n'ont rien apporté de nouveau à la doctrine catholique. Leur importance, c'est que le Christ Notre-Seigneur, en montrant son Cœur Sacré, a voulu d'une façon très spéciale et extraordinaire amener les esprits des hommes à contempler, à honorer le mystère de l'amour miséricordieux de Dieu pour le genre humain. […] De cette chose corporelle qu'est le Cœur de Jésus-Christ et de sa signification naturelle, nous pouvons, nous devons, soutenus par la foi chrétienne, nous élever non seulement jusqu'à la contemplation de son amour sensible, mais, plus haut encore, jusqu'à la considération et à l'adoration de son amour infus, et enfin, dans un élan à la fois tendre et sublime, jusqu'à la méditation et l'adoration de l'Amour divin du Verbe Incarné. C'est, qu'en effet, par la foi qui nous enseigne que les deux natures, humaine et divine, sont unies dans la Personne du Christ, nous pouvons concevoir les relations très étroites qui existent entre l'amour sensible du Cœur physique de Jésus et son double amour spirituel, l'humain et le divin. Car de ces trois amours on ne doit pas dire seulement qu'ils existent ensemble dans la Personne adorable du Divin Rédempteur, mais qu'ils sont unis entre eux par un lien naturel, puisque l'amour sensible et l'amour humain sont soumis à l'Amour divin et le reflètent par leur ressemblance avec lui. […] C'est pourquoi Nous exhortons tous Nos fils dans le Christ à pratiquer avec ferveur cette forme de dévotion, ceux qui ont déjà l'habitude de puiser aux eaux salutaires qui coulent du Cœur du Rédempteur, ceux surtout qui la regardent de loin, en spectateurs, avec curiosité et hésitation. Qu'ils voient bien qu'il s'agit, comme Nous l'avons déjà dit, d'un culte déjà très ancien dans l'Eglise, solidement fondé sur l'Ecriture, qui est en accord avec la tradition et la liturgie, et que les Pontifes romains ont couvert de très nombreuses et très hautes louanges ; non seulement ils ont institué une fête en l'honneur du Cœur très auguste du Rédempteur qu'ils ont étendue à toute l'Eglise, mais ils lui ont consacré solennellement tout le genre humain. L'Eglise en a reçu des fruits abondants et très réconfortants : de nombreux retours à la religion chrétienne, un renouveau de foi chez beaucoup, une union plus étroite des fidèles avec notre Rédempteur très aimant : tous ces fruits se sont montrés être particulièrement nombreux et importants au cours de ces dernières décennies. » Vénérable Pie XII, extraits de l'Encyclique Haurietis Aquas (5, 42, 52, 58, 64), 15 mai 1956. |