En même temps que le caractère épiscopal, Grégoire II lui avait donné la charge de légat du Siège apostolique chez les Germains, et, dans toute l’activité variée qu’il exerça par la suite chez les Francs et les Allemands, ce fut toujours au nom du Pontife romain que Boniface intervint et agit. On peut dire que personne ne comprit mieux que lui à cette époque la romanité de sa mission ; personne ne l’exerça avec une pareille foi et un tel zèle. Il se considéra comme le héraut de Pierre et du Pontife romain, et ce fut en cette qualité que, sur ses épaules de géant, il soutint durant de longues années, tel un nouveau saint Paul, la sollicitude de toutes les Églises de Germanie. Une gloire lui manquait : l’auréole du martyre, et il l’ambitionna elle aussi. Déjà courbé sous le poids des ans, il s’embarqua pour la Frise, qui, dans sa jeunesse, avait été le champ de ses premières armes, au temps de saint Willibrord. Cette fois cependant l’apôtre, comme prévoyant sa mort, emporta avec lui le drap funèbre dans lequel il devait être enveloppé, et ordonna que son cadavre fût enseveli dans son cher monastère de Fulda. — Ici l’on reconnaît le moine, qui est, par son corps, hors du cloître, mais qui a attaché son cœur à la solitude. — Le 5 juin 755, une horde de païens assaillirent Boniface et ses compagnons, parmi lesquels se trouvaient quelques évêques et un grand nombre de moines, et, en haine de la foi, ils les massacrèrent. Bienheureux Cardinal Schuster (1880-1954), Liber Sacramentorum - Notes historiques et liturgiques sur le Missel Romain (T.7), Vromant, Bruxelles, 1931. |
« "Mon Dieu, je vous adore... Tout en moi vous adore... Je vous adore en toutes choses... Et je n'ai plus de joie, de paix et de repos que dans cette adoration..." (Mgr Crooy, Evêque de Tournai de 1915 à 1924). Tout en moi, par Jésus, vous adore... Oui, tout mon être ; mon corps tel que vous l'avez fait, et cela, jusqu'à la dernière fibre, jusqu'aux moëlles les plus secrètes. Je vous adore avec mon âme et ses puissances, les naturelles et les surnaturelles ; avec ma mémoire qui ne veut plus se souvenir que de vous ; avec mon intelligence assoiffée de vous connaître ; avec mon coeur et tout l'amour dont il peut être capable ; avec ma volonté, rivée à votre saint service. Je vous adore, avec tout l'être de grâce, que votre don daigna créer en moi. Par Jésus, je vous adore en toutes choses... Je reconnais, par cette adoration, tout ce que vous êtes, vous, mon Dieu ; mon premier principe, ma fin dernière ; vous, la puissance, la sagesse ; vous, la bonté ; vous, la justice ; vous, la miséricorde ; vous, mon imperturbable espérance, dans votre vérité et dans votre amour. Je vous adore, par Jésus, dans vos volontés, celles que je comprends et, plus encore, celles que je ne comprends pas, mais que je sais justes, équitables et conformes, toutes, aux desseins de votre gloire infinie. Je vous adore même, en toutes vos permissions, aussi adorables que vos volontés, ô vous, qui ne permettez le mal, sous quelque forme qu'il se présente à moi, que pour être la cause d'un plus grand bien. Ma joie est pleine, désormais. Cette adoration me rassasie et m'établit en toute paix ; elle me stabilise en tout repos. Je voudrais ne plus me départir de cette attitude de corps et d'âme... Je voudrais, par Jésus-Hostie, ne plus relever le front de cette dalle où je me prosterne, pour vous dire mon néant et votre Tout... Je suis là, à ma vraie place... Je ne puis être mieux... Il me semble que toute expression de ma piété se confond bien en celle-ci... Seigneur Jésus, venez donc en moi, comme adorateur, adorateur du Père, du Fils que vous êtes, dans l'Amour qui me remplit de Dieu. Cette vie me semble si débordante, si féconde, si glorieuse ! Ô mon Dieu, Trinité que j'adore !... » Dom Vandeur, A la Trinité par l'Hostie, Editions de Maredsous, 1942. |
Courage donc, élève-toi, ô âme misérable et infirme, élève-toi sur les ailes de la foi et de la charité… monte au Paradis de l’amour pour recueillir le miel de la dévotion ; monte à ce Cœur si haut ; car Celui que tu cherches a été à la fois élevé et humilié. Il ne s’est pas élevé sur la croix pour se soustraire à ceux qui voudraient s’approcher de lui, mais au contraire afin de pouvoir être trouvé par eux. Approche-toi donc avec confiance de ce Paradis ; reconnais ton Sauveur à ses bras étendus, embrasse son amour qui t’appelle à ses étreintes et qui est prêt à recevoir les tiennes ; écoute l’accent de cette voix miséricordieuse et je puis le dire, digne de compassion, qui te crie : Reviens, reviens, afin que je te contemple. Reviens de ta volonté mauvaise ; de tes actions perverses, de tes obstinations, de ton désespoir… La science que tu apprendras de moi dans toute sa plénitude te donnera le pouvoir d’écarter l’obstacle que le Chérubin te présentait. Les fleuves de mon sang feront tomber les flammes redoutables de ce glaive embrasé. Entre donc, ô âme, dans ce « Paradis meilleur que tous les autres », maintenant avec toute l’affection de ton cœur, afin que tu puisses, plus tard, avec ton âme et ton corps, entrer dans le Paradis terrestre et dans le Paradis des cieux. Saint Bernard (1090-1153) Exemple : Un martyr « Un jeune missionnaire du diocèse de Clermont, M. J.-M. Baptifaud, dut sa dévotion au Sacré Cœur de Jésus l’incomparable grâce du martyre, qu’il désirait très vivement. Le 29 juin 1871, jour où le jeune lévite avait le bonheur de se consacrer irrévocablement à Dieu, en recevant le sous-diaconat, il écrivait en tête de ses résolutions de retraite : Sous les auspices du Sacré Cœur, doux et humble, brûlant d’amour pour Dieu et les hommes, et ne cessant de crier : « Ecce venio, ut faciam, Deus, voluntatem tuam. » Il consacra de même au Sacré Cœur ses autres ordinations. Quand il apprit sa destination pour le Yun-Nan, la première question qu’il adressa à son directeur fut celle-ci : Peut-on être martyr au Yun-Nan ? Et M. le G***, son voisin de district et son ami, écrit de lui le 29 juin 1876 : « M. Baptifaud a de tout temps soupiré après le martyre : ses écrits l’attestent, et le post-scriptum de sa dernière lettre était un consentement formel et parfait de son sacrifice. « Dès que le danger fut menaçant, M. Baptifaud prépara ses chrétiens et se prépara lui-même pour la lutte, par la confession et la communion. Puis il les réunit dans la soirée du 15 septembre 1874, et tous se consacrèrent solennellement au Sacré Cœur. Vingt-quatre heures après, le 16 au soir, une victime d’agréable odeur fut immolée au Cœur de notre adorable Maître. On apprend au missionnaire que ses chrétiens sont en danger ; mais il est averti qu’il s’expose à un péril imminent s’il va les joindre. « Que d’autres n’y aillent pas, dit-il, c’est bien ; mais moi, qui suis Père, je dois aller au secours de mes enfants qui s’y trouvent. » Les ennemis avaient déjà escaladé le mur qui les déparait des chrétiens ; M. Baptifaud veut le franchir : un coup de lance le repousse : « Pourquoi ne voulez-vous pas que j’entre ? Je suis le Père des chrétiens ! - C’est précisément celui-là que nous voulons tuer ! » fut-il répondu. M. Baptifaud s’élance pour sauter le mur ; on s’empare de lui ; il a les mains liées derrière le dos avec la tresse de fils de soie attachée à ses chevaux. Peu après il expire sous les coups, ayant invoqué le nom de Jésus jusqu’à son dernier soupir. » (Bulletin du Vœu National) Page d’histoire : Un trait de la vie du général de Sonis, un des amis les plus dévoués du Cœur de Jésus, nous montre l’énergie que donne pour le service de Dieu un amour sincère de Notre-Seigneur. Voici ce que raconte le héros lui-même : « un jour que, pour payer ce que je devais à l’esprit de corps, j’étais allé passer une heure au cercle des officiers, entouré de beaucoup de monde, je me trouvais adossé au chambranle d’une cheminée, tout près d’une fenêtre donnant sur la voie publique, lorsque j’entendis de ce côté le bruit d’une sonnette qui tintait par intervalles. Il me vint une pensée que c’était le bon Dieu qu’on portait à quelque malade. M’agenouillerai-je ? Resterai-je là debout comme tout le monde ? Il y eut en moi, je l’avoue, un moment de combat ; mais soudain une pensée me traversa l’esprit : si ces gens-là voyaient passer leur chef de corps, leur empereur, leur drapeau, est-ce qu’ils ne salueraient pas ? Et quand c’est mon Dieu qui passe !... Allons donc ! Là-dessus je m’approche de la fenêtre, me disposant déjà à mettre les deux genoux en terre. Mais, ô déception ! en levant les yeux, que vois-je ? C’était le vulgaire chariot de je ne sais quel marchand ambulant dont cette clochette hypocrite annonçait le passage… Le bon Dieu s’était contenté de ma bonne volonté. » (Le général de Sonis (1825-1887), par Mgr Bonnard) ☞ Des précisions dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur, concernant le général de Sonis et la bataille de Loigny – voir les années 1870 et 1871 Bouquet spirituel : Le Cœur de Jésus, source inépuisable de tous les biens, est comme un jardin d’une beauté extraordinaire et toute mystérieuse. Sainte Gertrude (1256-1302) Que le Seigneur est bon, que son Cœur est aimable ! Demeurons là en ce saint domicile ! Que ce Cœur vive toujours dans nos cœurs, que ce sang bouillonne toujours dans les veines de nos âmes. Saint François de Sales (1567-1622) Pratique : Triompher du respect humain. Oraison jaculatoire : Doux Cœur de Jésus, soyez mon amour ! "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901. Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen. et "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition). Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis. Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen. |