« Le passé n’est plus à nous, l’avenir ne nous appartient pas, seul, ce rapide et fugitif éclair, que nous saisissions au passage et qui se nomme le moment présent est en notre possession. C’est un véritable trésor ! Hâtons-nous de l’exploiter car il en va d’une éternité de bonheur, d’un poids infini de gloire, d’un accroissement plus ou moins considérable de notre patrimoine du ciel selon que nous aurons été plus ou moins habiles à sanctifier ces parcelles successives de temps mises à notre disposition par la Providence. Hélas, bien souvent, nous éparpillons notre énergie à pure perte. Notre imagination vit de chimère, notre volonté passe d’un objet à un autre, nous courons à l’aventure, nous divaguons, survolons l’instant… et le temps passe… Comme un voleur, il nous ravit à nous-mêmes, dérobe notre trésor ! Il nous appartient donc de revenir dans « l’hôtellerie du Sacré Cœur de Jésus » et de sanctifier le moment présent. « Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. » (Jn 15,4). En effet, Dieu est là, réellement présent dans chacune de ces fractions de temps qui composent notre existence. Il est là sous la forme de joies, d’épreuves, de devoirs, de responsabilités… qu’apporte chaque moment présent. L’âme de foi, attentive et recueillie, le reconnait sous ces humbles apparences : « C’est le Seigneur ! » dit-elle. Elle l’adore, l’accueille avec amour. Elle met tous ses soins, toute son énergie, tout son cœur dans ce précieux petit moment en le transformant en mérites et en gloire pour l’éternité. Au contraire, l’âme futile, légère, n’est pas chez elle, elle s’occupe de tout excepté de l’essentiel : de sa responsabilité qu’apporte le moment présent. Le soir venu, elle n’a semé que poussière et ennui. Pour nous gardes d’honneur, admis à vivre intimement avec le Seigneur Jésus, soyons attentifs à être présents au contact aimé de son très doux Cœur, ne nous laissons pas distraire par milles turbulences, prenons la ferme résolution de concentrer notre attention, nos efforts, toutes nos énergies sur le moment présent pour le surnaturaliser, le sanctifier et le faire ainsi fructifier pour la vie éternelle. » Sœur Marie du Sacré Cœur Bernaud (1825-1903), fondatrice de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur. Site de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur, Paray-le-Monial |