Prière à Ste Jeanne de Valois, fêtée ce jour « Nous honorons, ô sainte Princesse, les vertus héroïques dont votre vie a été remplie, et nous glorifions le Seigneur qui vous a admise dans sa gloire. Mais que vos exemples nous sont utiles et encourageants, au milieu des épreuves de cette vie ! Qui plus que vous, a connu les disgrâces du monde ; mais aussi qui les a vues venir avec plus de douceur, et les a supportées avec plus de tranquillité ? Les grâces extérieures vous avaient été refusées, et votre cœur ne les regretta jamais ; car vous saviez que l'Epoux des âmes ne recherche pas dans ses élues les agréments du corps, qui trop souvent seraient un danger pour elles. Le sceptre que vos saintes mains portèrent un instant leur échappa bientôt, et nul regret ne s'éleva en vous, et votre âme véritablement chrétienne ne vit dans cette disposition de la Providence qu'un motif de reconnaissance pour la délivrance qui lui était accordée La royauté de la terre n'était pas assez pour vous ; le Seigneur vous destinait à celle du ciel. Priez pour nous, servante du Christ dans ses pauvres, et faites-nous l'aumône de votre intercession. Ouvrez nos yeux sur les périls du monde, afin que nous traversions ses prospérités sans ivresse, et ses revers sans murmure. Souvenez-vous de la France qui vous a produite, et qui a droit à votre patronage. Un jour, la tombe qui recelait votre sainte dépouille fut violée par les impies, et des soupirs s'échappèrent de votre poitrine, au sentiment des malheurs de la patrie. C'était alors le prélude des maux qui depuis se sont appesantis sur la nation française ; mais du moins la cause de la foi trouva, dans ces temps, de généreux défenseurs, et l'hérésie fut contrainte de reculer. Maintenant, le mal est à son comble ; toutes les erreurs dont le germe était renferme dans la prétendue Réforme se sont développées, et menacent d'étouffer ce qui reste de bon grain. Aidez-nous, conservez la précieuse semence de vérité et de vertus qui semble prête à périr. Recommandez-nous à Marie, l'objet de votre tendre dévotion sur la terre, et obtenez-nous des jours meilleurs. » Prière in Dom Guéranger, L'année liturgique, Le Propre des Saints, IV Février (Sainte Jeanne de Valois, Reine de France). |
« Que devons-nous penser de la souffrance pour être dans la vérité ? Entendons cette souffrance que le monde multiplie et rend plus aiguë, plus amère, plus désolée... Jésus semble nous répondre du haut de sa croix : cette souffrance, je l'adopte. Car je l'ai faite mienne, jusqu'à la souffrance de la mort. Mais en l'adoptant ainsi : 1) Je la console par les promesses que ma croix sanctionne et par l'exemple que ma croix propose. C'est sur des milliers de malades et de mourants que se répand cette consolation de la croix. Si nous en croyons de sérieuses statistiques, trente millions d'hommes meurent chaque année sur la terre, quand il n'y a pas d'épidémie ni de guerre. C'est donc en moyenne 82.200 par jour, 3.425 par heure, 57 par minute. Ceux des morts qui de leur lit de souffrances regardent la croix, ont les plus ineffables des consolations : celle de l'espérance, celle du pardon, celle de la paix. En baisant cette croix, plusieurs trouvent même doux de mourir. 2) Je lui donne un sens : celui de l'amour. "Je ressens une vive satisfaction, ma très chère fille, dit un jour Jésus à sainte Catherine de Sienne, du désir que vous avez de souffrir toutes les peines, toutes les fatigues, et même la mort pour le salut des âmes ; car plus on souffre, plus on me prouve son amour, et plus on aime plus on connaît ma vérité ; et plus on me connaît, plus grande est la douleur, plus intolérable est la souffrance que cause un péché commis contre moi. Vous avez demandé à prendre sur vous le châtiment des crimes des autres, et vous ne saviez pas qu'en demandant cette grâce, vous demandiez en même temps amour, lumière et connaissance de la vérité ; car ainsi que je l'ai dit, plus grand est l'amour, plus grande est la douleur ; aussi la douleur croîtra en proportion de l'amour." (Dialogues, ch. V)C'est particulièrement sur la croix que le Maître Divin nous dit l'émouvante leçon de cette philosophie chrétienne de l'amour. Ce que le monde maudissait, les amants de Jésus l'exaltent et le bénissent : il leur devient doux de souffrir comme de mourir. 3) Je la divinise, en communiquant à toute souffrance unie aux miennes, quelque chose de la valeur de ma rédemption. Aussi des déshérités, des impotents, des infirmes, dont l'existence semble stérile, peuvent redire après Saint Paul : "adimpleo ea quæ desunt passionum Christi" (*) et se persuader avec raison, qu'ils contribuent par leurs souffrances, supportées en union avec le Christ, à l'avancement du Royaume de Dieu. [...] Recueillons-nous donc et, dans la sincérité de notre âme, comprenons bien pourquoi saint Jean, qui fut si près de la croix, nous dit : "N'aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde. Celui qui aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui, parce que tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, et concupiscence des yeux et orgueil de la vie ; laquelle concupiscence n'est pas du Père, mais elle est du monde. Or le monde passe et la concupiscence du monde passe avec lui, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement." (I Jn II, 15-17) »(*) : "adimpleo ea quæ desunt passionum Christi, in carne mea, pro corpore ejus, quod est ecclesia" (Col 1,24) : "Ce qu'il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l'accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l'Église." Albert Valensin s.j., Aux sources de la vie intérieure - Une grande retraite, Tome I Première semaine (La croix et le monde), Imprimerie catholique, Beyrouth, 1940. |
Présentation du Message de Carême Ce matin près la Salle de Presse, le Cardinal Robert Sarah, Préfet du Conseil pontifical Cor Unum, assisté de Mgr Giampietro Dal Toso, Secrétaire du dicastère, de Mgr Segundo Tejado Muñoz, Sous-Secrétaire, et de M. et Mme Dotta, missionnaires en Haïti, a présenté le premier message de Carême du Pape François. Le Cardinal a tout d'abord annoncé qu'il retournera en mars en Haïti pour inaugurer une école et assurer la population de la solidarité papale. Puis il a expliqué que ce message reprenait un thème cher au Saint-Père, mis en exergue de la vie chrétienne dès le début du pontificat, le lien étroit entre toute pauvreté humaine et celle du Christ : "La vision chrétienne de la pauvreté ne recouvre pas celle du sens commun, qui n'y voit généralement qu'une dimension sociologique, le manque de biens matériels. Le concept d'Eglise pauvre pour les pauvres est souvent évoqué pour contester l'Eglise, en lui opposant" ce caractère à celui "de prédication et de vérité, de prière et de défense de la doctrine et de la morale... La première référence du chrétien pour comprendre la pauvreté est de savoir qu'il s'est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté... Son choix des pauvres nous montre qu'il existe une dimension positive de la pauvreté, exprimée dans l'Evangile par la formule bienheureux les pauvres. C'est une dimension qui implique un dépouillement et une renonciation, possibles car la richesse véritable de Jésus est d'être le Fils. N'allons pas croire nous donner bonne conscience en déplorant le manque de biens matériels d'autrui ou en dénonçant la pauvreté comme système. La pauvreté touche jusqu'au coeur de l'homme car le Fils s'est abaissé pour accomplir la volonté du Père au secours des hommes ses frères, assoiffés de salut. Ainsi le chrétien entre-t-il dans une dynamique de pauvreté et de don parce qu'il est riche d'être fils de Dieu... C'est pourquoi ce message quarésimal distingue nettement entre pauvreté et misère. Ce n'est pas la pauvreté comme valeur évangélique que nous entendons combattre mais la misère..." "Le Pape distingue la misère matérielle, la misère morale et la misère spirituelle". La première consiste à vivre dans l'indignité humaine, et l'Eglise se met au service des besogneux. La misère morale réside dans la soumission au vice et au péché, qui peut conduire à la misère matérielle. Elle touche toujours à la misère spirituelle, qui frappe lorsqu'on s'éloigne de Dieu en refusant son amour. Je crois, a ajouté le Cardinal, qu'une aussi large "vision de la pauvreté, de la misère et de l'aide que l'Eglise apporte aux victimes, nous aide à mieux percevoir l'homme et ses besoins, sans tomber dans une réduction anthropologique qui prétendrait résoudre les problèmes de l'homme en solutionnant son bien-être physique ou social... L'option préférentielle pour les pauvres doit avant tout se traduire par une attention religieuse... Pour ne pas transformer l'Eglise en une ONG...notre regard de qui est dans le besoin ne doit découler que de la misère spirituelle qui se cache souvent dans le coeur des gens et qui le tourmente, même s'il dispose de biens matériels... Et si nous voulons vraiment comprendre le message du Pape, il convient de le décliner dans son sens anthropologique. Par nature, l'homme est fils de Dieu. C'est cela sa richesse. La faute majeure de la culture contemporaine est de croire dans un homme heureux sans Dieu. En rejetant ainsi ce qu'il y a de plus profond dans la personne, on nie ce qui la lie de façon existentielle au Père qui donne la vie... C'est un crime de priver un pauvre de la présence de Dieu, mais aussi de considérer que l'homme peut vivre comme si Dieu n'existait pas, en niant la dimension de créature et la profonde appartenance de l'homme à Dieu... Le développement ne saurait donc se limiter à créer des besoins nouveaux induits, mais de prendre au sérieux la personne." Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 4.2.14). |