Au fil des jours ... en 2013





3 septembre : St Grégoire le Grand, pape et Docteur

Au calendrier traditionnel : St Pie X, pape et confesseur

« C'est vraiment pour Nous, Vénérables Frères, un heureux anniversaire que celui de cet homme illustre et incomparable (Martyrol. Rom. 3 sept.), le Pontife Grégoire premier du nom...

Il est merveilleux de constater ce qu'il réalisa durant un gouvernement d'un peu plus de treize ans. Il fut le restaurateur de toute la vie chrétienne, ranimant la piété parmi les fidèles, la règle dans les monastères, la discipline dans le clergé, la sollicitude pastorale des Pontifes sacrés. C'était bien le chef plein de sagesse de la famille du Christ (Joann. Diac., Vita. Greg., II, 51). Il défendit et augmenta le patrimoine de l'Eglise et, selon les besoins de chacun, pourvut libéralement et sans compter aux nécessités du peuple appauvri, de la société chrétienne et des églises particulières. Vrai consul de Dieu (Inscr. sepulcr.), il étendit bien au delà des murs de Rome la féconde activité de sa volonté, et la consacra tout entière au bien de la société civile. Il résista courageusement aux injustes prétentions des empereurs de Byzance, brisa l'audace des exarques et des officiers impériaux, et sut imposer un frein à leur sordide cupidité, car il s'était fait le champion public de la justice sociale. Il adoucit les instincts farouches des Lombards, et ne craignit pas d'aller jusqu'aux portes de Rome à la rencontre d'Agilulfe pour le dissuader d'assiéger la ville, comme avait fait le pape saint Léon le Grand avec Attila. Il ne cessa ni ses prières, ni ses douces persuasions, ni l'habileté de son action, jusqu'à ce qu'il vit cette terrible nation s'apaiser enfin et s'organiser sous une forme de gouvernement plus équitable, et même se soumettre à la foi catholique, grâce surtout à la pieuse reine Théodelinde, sa fille en Jésus-Christ.

Voilà pourquoi Grégoire s'est acquis à bon droit le titre de sauveur et de libérateur de l'Italie, c'est-à-dire de cette terre qu'il appelle lui-même si suavement sienne (Registr. V, 36 (40) ad Mauricium Aug.). Grâce à son zèle pastoral jamais en relâche, l'Italie et l'Afrique se purgent des restes de l'erreur; les affaires de l'Eglise des Gaules se rétablissent; la conversion commencée des Wisigoths d'Espagne se développe, et l'illustre nation des Bretons, perdue dans un coin du monde et rivée jusque-là au culte perfide du bois et de la pierre (Ibid. VIII, 29 (30) ad Eulog. Episcop. Alexandr.), embrasse, elle aussi, la vraie foi du Christ. A la nouvelle d'une acquisition si précieuse, Grégoire se sent l'âme déborder de joie, tel un père qui étreint sur son cœur un fils bien-aimé ... Mais ces bienfaits reçus, il les rapporte tous au Sauveur Jésus. C'est pour l'amour de lui, dit-il lui-même, que nous sommes allés chercher en Bretagne des frères ignorés. C'est par sa grâce que nous avons trouvé ceux que nous cherchions sans les connaître (Ibid. XI, 36 (28) ad Augustin. Anglorum episcop.). Et ce peuple s'est montré reconnaissant envers le saint Pontife, jusqu'à l'appeler : notre Maître, notre Apôtre, notre Pape, notre Grégoire, et se considérer comme le sceau de son apostolat. Telle enfin fut son action si féconde et si salutaire que le souvenir de ses travaux s'est gravé profondément dans le cœur de la postérité, de ces générations du moyen âge surtout, tout imprégnées de son esprit, qui, pour ainsi dire, se nourrissaient de sa parole et conformaient leur vie et leurs mœurs à ses exemples. C'était l'époque heureuse où la civilisation chrétienne succédait dans l'univers à la civilisation romaine, épuisée par le cours des siècles et tombée sans retour.

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Aussi le but unique de toute sa vie, tel que nous le révèlent ses paroles et ses actes, ce fut d'entretenir dans son propre cœur, et de susciter dans les autres, cette foi et cette confiance, et, jusqu'à son dernier jour, de faire tout le bien que les circonstances lui permettaient.

De là, chez cet homme de Dieu, la volonté résolue de faire servir au salut commun les surabondantes ressources des dons divins dont le Seigneur avait enrichi son Eglise, tels sont : la vérité certaine entre toutes de la doctrine révélée ; sa prédication efficace à travers le monde entier ; les sacrements qui ont la vertu de produire ou d'accroître en nous la vie de l'âme ; enfin la grâce de la prière au nom du Christ, gage assuré de la protection céleste.

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Fort de cette foi, inébranlablement établi sur cette pierre, Nous embrassons du regard de Notre âme, et les lourdes obligations de cette sainte primauté et tout à la fois les forces divinement répandues dans Nos cœurs, et paisiblement Nous attendons que se taisent les voix de ceux qui proclament à grand bruit que l'Eglise catholique a fait son temps, que ses doctrines se sont écroulées sans retour, qu'elle en sera réduite bientôt ou à se conformer aux données d'une science et d'une civilisation sans Dieu, ou bien à se retirer de la société des hommes. En attendant, est-il de Notre devoir de rappeler à tous, grands et petits, comme autrefois le fit le saint Pontife Grégoire, la nécessité absolue où nous sommes de recourir à cette Eglise pour faire notre salut éternel, pour obtenir la paix et même la prospérité dans cette vie terrestre.

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Le salut, cependant, n'est pas ailleurs que dans le Christ : Car il n'est pas sous le ciel d'autre nom qui ait été donné aux hommes, dans lequel nous devions être sauvés (Act. IV, 12). Il est donc nécessaire de revenir à lui, de se prosterner à ses pieds, de recueillir de sa bouche divine les paroles de la vie éternelle : car seul il peut indiquer le chemin capable de nous ramener au salut, seul il peut enseigner le vrai, seul rappeler à la vie, lui qui a dit de lui-même : Je suis la Voie et la Vérité et la Vie (Joan. XIV, 6). On a tenté à nouveau de traiter les affaires du monde en dehors du Christ ; on a commencé à bâtir en rejetant la pierre angulaire. Pierre le reprochait à ceux qui crucifièrent Jésus. Et voici qu'une seconde fois la masse de l'édifice s'écroule en brisant la tête des constructeurs. Jésus reste malgré tout la pierre angulaire de la société humaine, et de nouveau se justifie la maxime : Il n'est de salut qu'en lui.

Celui-ci est la pierre que vous avez rejetée, ô constructeurs ; elle est devenue la tête de l'angle, et en ancien autre il n'est de salut (Act. IV, 11-12).

Vous comprenez facilement par là, Vénérables Frères, quelle nécessité presse chacun de nous d'employer la plus grande force d'âme possible, et toutes les ressources dont nous disposons, à ranimer cette vie surnaturelle dans tous les rangs de la société humaine, depuis l'humble classe de l'artisan, qui gagne chaque jour son pain à la sueur de son front, jusqu'aux puissants arbitres de la terre. »

St Pie X, Extraits de l'Encyclique Iucunda Sane, 12 mars 1904.


calendrier liturgique



« A la mission qui Nous a été confiée d'en haut de paître le troupeau du Seigneur, Jésus-Christ a assigné comme premier devoir de garder avec un soin jaloux le dépôt traditionnel de la foi, à l'encontre des profanes nouveautés de langage comme des contradictions de la fausse science. Nul âge, sans doute, où une telle vigilance ne fût nécessaire au peuple chrétien : car il n'a jamais manqué, suscités par l'ennemi du genre humain, d'hommes au langage pervers (1), diseurs de nouveautés et séducteurs (2), sujets de l'erreur et entraînant à l'erreur (3). Mais, il faut bien le reconnaître, le nombre s'est accru étrangement, en ces derniers temps, des ennemis de la Croix de Jésus-Christ qui, avec un art tout nouveau et souverainement perfide, s'efforcent d'annuler les vitales énergies de l'Eglise, et même, s'ils le pouvaient, de renverser de fond en comble le règne de Jésus-Christ. Nous taire n'est plus de mise, si Nous voulons ne point paraître infidèle au plus sacré de Nos devoirs, et que la bonté dont Nous avons usé jusqu'ici, dans un espoir d'amendement, ne soit taxée d'oubli de Notre charge.

Ce qui exige surtout que Nous parlions sans délai, c'est que, les artisans d'erreurs, il n'y a pas à les chercher aujourd'hui parmi les ennemis déclarés. Ils se cachent et c'est un sujet d'appréhension et d'angoisse très vives, dans le sein même et au coeur de l'Eglise, ennemis d'autant plus redoutables qu'ils le sont moins ouvertement. Nous parlons, Vénérables Frères, d'un grand nombre de catholiques laïques, et, ce qui est encore plus à déplorer, de prêtres, qui, sous couleur d'amour de l'Eglise, absolument courts de philosophie et de théologie sérieuses, imprégnés au contraire jusqu'aux moelles d'un venin d'erreur puisé chez les adversaires de la foi catholique, se posent, au mépris de toute modestie, comme rénovateurs de l'Eglise ; qui, en phalanges serrées, donnent audacieusement l'assaut à tout ce qu'il y a de plus sacré dans l'oeuvre de Jésus-Christ, sans respecter sa propre personne, qu'ils abaissent, par une témérité sacrilège, jusqu'à la simple et pure humanité.

Ces hommes-là peuvent s'étonner que Nous les rangions parmi les ennemis de l'Eglise. Nul ne s'en étonnera avec quelque fondement qui, mettant leurs intentions à part, dont le jugement est réservé à Dieu, voudra bien examiner leurs doctrines, et, conséquemment à celles-ci, leur manière de parler et d'agir.

Ennemis de l'Eglise, certes ils le sont, et à dire qu'elle n'en a pas de pires on ne s'écarte pas du vrai. Ce n'est pas du dehors, en effet, on l'a déjà noté, c'est du dedans qu'ils trament sa ruine ; le danger est aujourd'hui presque aux entrailles mêmes et aux veines de l'Eglise ; leurs coups sont d'autant plus sûrs qu'ils savent mieux où la frapper. Ajoutez que ce n'est point aux rameaux ou aux rejetons qu'ils ont mis la cognée, mais à la racine même, c'est-à-dire à la foi et à ses fibres les plus profondes. Puis, cette racine d'immortelle vie une fois tranchée, ils se donnent la tâche de faire circuler le virus par tout l'arbre : nulle partie de la foi catholique qui reste à l'abri de leur main, nulle qu'ils ne fassent tout pour corrompre. Et tandis qu'ils poursuivent par mille chemins leur dessein néfaste, rien de si insidieux, de si perfide que leur tactique : amalgamant en eux le rationaliste et le catholique, ils le font avec un tel raffinement d'habileté qu'ils abusent facilement les esprits mal avertis. D'ailleurs, consommés en témérité, il n'est sorte de conséquences qui les fasse reculer, ou plutôt qu'ils ne soutiennent hautement et opiniâtrement.

Avec cela, et chose très propre à donner le change, une vie toute d'activité, une assiduité et une ardeur singulières à tous les genres d'études, des moeurs recommandables d'ordinaire pour leur sévérité. Enfin, et ceci parait ôter tout espoir de remède, leurs doctrines leur ont tellement perverti l'âme qu'ils en sont devenus contempteurs de toute autorité, impatients de tout frein : prenant assiette sur une conscience faussée, ils font tout pour qu'on attribue au pur zèle de la vérité ce qui est oeuvre uniquement d'opiniâtreté et d'orgueil. Certes, Nous avions espéré qu'ils se raviseraient quelque jour : et, pour cela, Nous avions usé avec eux d'abord de douceur, comme avec des fils, puis de sévérité : enfin, et bien à contrecoeur, de réprimandes publiques. Vous n'ignorez pas, Vénérables Frères, la stérilité de Nos efforts; ils courbent un moment la tête, pour la relever aussitôt plus orgueilleuse. Ah! s'il n'était question que d'eux, Nous pourrions peut-être dissimuler ; mais c'est la religion catholique, sa sécurité qui sont en jeu. Trêve donc au silence, qui désormais serait un crime ! Il est temps de lever le masque à ces hommes-là et de les montrer à l'Église universelle tels qu'ils sont. »

(1) Act. XX, 30.
(2) Tit. I, 10.
(3) II Tim. III, 13.


St Pie X, extraits de l'Encyclique Pascendi Dominici Gregis, 8 septembre 1907.
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Frédéric Chopin : Prélude Op 28 No 15 en ré bémol majeur, Sostenuto « La goutte d'eau »



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