« Dans la mesure où nous nous livrons et donnons à Jésus, il y aura des moments d'aridité et de ténèbres. Un jour, que Jésus semblait se faire proche à nouveau, dans la prière de Sainte Thérèse d'Avila qui, depuis de nombreuses années, était incapable de prier et était torturée par l'angoisse dans la prière, elle se plaignit à Lui : "Comment cela se fait-il que vous m'ayez laissée si longtemps ?" Et Jésus dit : "C'est ainsi que je traite mes amis". Thérèse répondit : "C'est pour cela que vous en avez si peu !" Nous devons être prêts à attendre ; nous devons être prêts à entrer dans le monde de l'angoisse, quelque fois même de l'agonie. Mais ce ne sera qu'une préparation à une nouvelle rencontre plus profonde avec Jésus. Ayant découvert qu'Il m'aime comme je suis, je peux vraiment me montrer tel que je suis : je n'ai pas à m'inquiéter de ce que les gens pensent de moi. Je peux très bien comprendre que d'autres personnes ne m'aiment pas, parce que je sais combien je suis pauvre et faible. Je n'ai pas peur de reconnaître et partager avec d'autres mes faiblesses, mes incapacités, mes ignorances. [...] En acceptant notre pauvreté, nous trouvons notre vrai lien avec Jésus et découvrons sa vraie nature. Nous pouvons alors découvrir vraiment notre frère, parce qu'il est, lui aussi, souffrant et faible ; et si je lui montre combien je suis pauvre, il ne sera pas gêné de me montrer combien il est pauvre. Ensemble, nous rendrons grâce à Jésus pour tout ce qu'Il nous a donné parce qu'Il a regardé notre pauvreté. [...] ET tous ensemble, convaincus de notre faiblesse, nous pourrons dire avec Marie : "Mon âme magnifie le Seigneur". Nous pourrons nous réjouir ensemble. C'est magnifique ! Mon esprit peut se réjouir en Dieu mon Sauveur. [...] Il s'est donné Lui-même à nous, les affamés. Nous venons seulement de découvrir que nous avions faim, que nous avions soif. Seuls ceux qui ont soif peuvent boire à Jésus. » Jean Vanier, Disciple de Jésus, Fleurus, Paris, 1977. |
« Je dois avertir chacun de vous à propos de sa vigne : qui en effet a jamais retranché en lui-même tout le superflu au point qu'il puisse penser ne plus rien avoir à tailler ? Croyez-moi, ce qui est taillé repousse, les vices chassés reviennent et l'on voit se réveiller les tendances endormies. Il ne suffit donc pas de tailler sa vigne une seule fois, mais il faut s'y remettre souvent, et même si possible, sans arrêt. Car, si vous êtes sincères, c'est sans arrêt qu'on trouve en soi quelque chose à tailler… La vertu ne peut pas croître parmi les vices ; pour qu'elle puisse se développer, il faut empêcher ceux-ci de prendre de l'ampleur. Supprime donc le superflu, alors ce qui est nécessaire pourra surgir. Pour nous, frères, l'époque est toujours celle de la taille, celle-ci s'impose toujours. J'en suis sûr, en effet, nous sommes déjà sortis de l'hiver, de cette crainte sans amour qui nous introduit tous à la sagesse mais qui n'épanouit personne dans la perfection. Lorsque l'amour survient, il chasse cette crainte comme l'été chasse l'hiver… Que cessent donc les pluies de l’hiver, c’est-à-dire les larmes d’angoisse suscitées par le souvenir de vos péchés et la crainte du jugement… Si « l'hiver est passé », si « la pluie a cessé » (Ct 2,11)…, la douceur printanière de la grâce spirituelle nous indique que le moment est venu de tailler notre vigne. Que nous reste-t-il à faire, sinon nous engager tout entiers dans ce travail ? » Saint Bernard (1091-1153), Sermon 58 sur le Cantique des cantiques. |
« Dans la croix est la vie Et la consolation. Elle seule est le chemin Qui mène au ciel. Sur la croix est "le Seigneur Du ciel et de la terre" (Ac 17,24). En elle on jouit d'une grande paix Même au milieu de la guerre ; Elle bannit tous les maux D'ici-bas. Et elle seule est le chemin Qui mène au ciel. De la croix, l'Épouse dit A son Bien-Aimé Qu'elle est "le palmier précieux" Sur lequel il est monté (Ct 7,9) Dont le fruit fut savouré Par le Dieu du ciel. Et elle seule est le chemin Qui mène au ciel. Elle est un "olivier précieux" (Si 24,14) La sainte croix Qui nous oint de son huile Et nous donne la lumière. O mon âme, prends la croix Pour ta grande consolation, Car elle seule est le chemin Qui mène au ciel. La croix est "l'arbre verdoyant Et désiré" (Ct 2,3) De l'Épouse qui, à son ombre, S'est assise Pour jouir de son Bien-Aimé, Le Roi du ciel. Elle seule est le chemin Qui mène au ciel. Pour l'âme qui toute à Dieu S'est soumise Et du monde S'est vraiment détachée, La croix est "arbre de vie" (Gn 2,9) Et de consolation, Et un chemin de délices Qui mène au ciel. Depuis que sur la croix s'est couché Le Sauveur, Dans la croix est "la gloire Et l'honneur" (Ap 4,11), Et dans la douleur Vie et bonheur, Et le plus sûr chemin Qui mène au ciel. » Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582), Poésie : « En la cruz está la vida » |
« Efforcez-vous toujours de garder la présence de Dieu et de maintenir en vous la pureté que Dieu vous enseigne. » Saint Jean de la Croix (Avis, Sentences et Maximes n°263) |