« La douceur se révèle par ses charmes, comme elle séduit par ses bénignes influences. Elle est le fruit de la bonté, de la patience, de la charité, de l’humilité surtout. C’est la manifestation de toutes les vertus, leur mise en œuvre et leur couronnement. Seule l’âme qui a triomphé d’elle-même et de ses passions, peut exercer sur les autres le suave empire de la douceur. Loin d’être une affaire de tempérament, un système de concession ou de non résistance, la douceur chrétienne ne s’acquiert qu’au prix d’énergiques efforts et ne s’exerce, le plus souvent, qu’à la pointe de l’épée. Quelle force supérieure ne faut-il pas déployer pour être doux, pour l’être constamment surtout avec les autres ! Nul n’ignore combien il est difficile de maîtriser un premier mouvement d’impatience, de rester calme et serein au milieu des tracasseries, des surcharges accablantes, ce qu’il en coûte pour répondre suavement à une parole envenimée, pour ne répandre que du 'miel' sur les cœurs enfiellés d’où nous arrivent l’injustice, la persécution, la calomnie. C’est à ceux qui imitent si bien la douceur du Cœur de Jésus que s’applique cette parole « Bienheureux ceux qui sont doux car ils posséderont la terre ». En effet, le cœur rempli de mansuétude est un cœur royal. Il règne d’abord sur lui-même, sur ses passions vaincues, il règne sur les âmes qu’il conquiert sans peine, il règne sur le Cœur de Dieu lui-même qui, retrouvant dans cette créature détrempée de douceur, un des reflets du Cœur de Son Fils ! » Soeur Marie du Sacré Coeur Bernaud (1825-1903) - (Ecrit en 1886). Aujourd'hui, 110ème anniversaire de son entrée au ciel (Dies natalis). Fondatrice de la Garde d'Honneur du Sacré-Coeur. |