« Quelle scène auguste que celle qui vient de se passer à Hébron ! Marie, déjà féconde du Saint-Esprit, Marie chargée de son doux poids, mue par une charité qui veut donner son Bien, le Bien suprême, Jésus-Christ, s'en va ; elle part pour les montagnes et arrive chez Elisabeth, celle que le Seigneur, miraculeusement aussi, quoique d'une autre manière, a visitée. Deux grandes âmes se saluent et s'embrassent ; elles se félicitent mutuellement. Oui, c'est bien la fête de la Visitation. Marie, Elisabteh se visitent ; mais elles ne sont que les porteuses sacrées de ceux qui se visitent plus solennellement encore. C'est Jésus, c'est le Verbe Incarné, c'est Dieu avide de venir à sa créature, à Jean, le plus grand des enfants nés de la femme, c'est le Sauveur qui vient à celui qu'il sauve ; qu'il sauve si pleinement qu'il le sanctifie dès le sein de sa mère. Et Jean, dans ce sein béni, tressaille devant le Dieu qui s'incline jusqu'à lui ; il bondit, il exulte ; c'est fête, pour lui, dans les entrailles profondes de l'humanité dont il reste la gloire. Et le colloque commence, secret, intime, ineffable, entre le Dieu qui visite et l'homme qui est visité... Que se sont-ils dit, des profondeurs en lesquelles l'un et l'autre sont toujours abîmés ? C'est le secret de là-haut. Quelles effluves de lumière, d'amour sont sorties du sein de Marie et sont allées à celui d'Elisabeth ? Qui peut même le penser ? Il s'est passé là, quelque chose de merveilleux, puisque Elisabeth chante à Marie : Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et béni est le Fruit de vos entrailles ! Il s'est passé là, quelque chose de tout à fait divin, pour que Marie, se faisant tout à coup le chantre de son Dieu et de son Sauveur, s'écrie : Magnificat. Mon âme glorifie le Seigneur, elle l'agrandit, si je puis dire ; elle inaugure, aujourd'hui, en cet instant même, la suite ininterrompue à travers les siècles de la louange divine, de celle qui a pour Chef, le Fils de Dieu incarné, et pour choristes incomparables, une Immaculée, et tous ceux et toutes celles qui peuvent se dire les bénéficiaires de sa médiation magnifique. » Dom Vandeur, La Visitation, "Elévations sur la Messe de chaque jour - Temps après la Pentecôte", Editions de Maredsous, 1950. |
IN VISITATIONE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Benedícta et venerábilis es, Virgo María : quæ sine tactu pudóris invénia es Mater Salvatóris. Vous êtes bénie et digne de vénération, Vierge Marie, qui avez été mère du Sauveur, sans que votre pureté ait subi d’atteinte. V/. Virgo, Dei Génetrix, quem totus non capit orbis, in tua se clausit víscera factus homo. V/. Vierge, Mère de Dieu, Celui que tout l’univers ne peut contenir, s’est enfermé dans votre sein en se faisant homme. |