Sainte Mère de Dieu, vous l’avez mérité, ce glorieux titre, autant qu’il était possible à une créature de le mériter. Vous l’avez possédé, puisque vous êtes la Mère de celui qui est véritablement Homme-Dieu et Dieu-Homme. Vous l’avez soutenue, cette divine qualité, par vos admirables vertus ; nous vous reconnaissons avec joie pour la Mère de Dieu, nous vous disons avec toute l’Eglise : Sainte Marie, Mère de Dieu, obtenez-nous la grâce de l’aimer et de le servir. |
« Le corps du Christ était de même substance que celui de tous les hommes, c'était un corps humain, et bien que par un nouveau prodige il fût issu de la vierge seule, il était cependant mortel, et il est mort selon le sort commun à ses semblables. Mais à cause de la venue en lui du Verbe, il n'était plus soumis à la corruption comme le voulait sa propre nature ; par la présence en lui du Verbe de Dieu, il était étranger à la corruption. Ainsi deux prodiges se rencontrent dans le même être : la mort de tous s'accomplissait dans le corps du Seigneur, et d'autre part la mort et la corruption étaient détruites par le Verbe qui habitait en ce corps (1). La mort était nécessaire, et il fallait qu'il mourût pour tous, pour payer la dette de tous. Aussi, comme je l'ai déjà dit, puisque le Verbe ne pouvait mourir lui-même, - il était immortel, - il prit un corps capable de mourir, afin de l'offrir pour tous comme son bien propre, et, souffrant lui-même pour tous dans ce corps où il était venu, de réduire à rien le maître de la mort, c'est-à-dire le diable, et "délivrer ceux qui par crainte de la mort, étaient leur vie durant assujettis à l'esclavage" (Hébr., II, 15). Assurément, puisque le Sauveur de tous est mort pour nous, nous les fidèles du Christ nous ne mourons plus de mort comme autrefois selon la menace de la loi, car cette peine a pris fin, mais puisque la corruption a cessé et a disparu par la grâce de la résurrection, il reste que, selon la condition de notre corps mortel, nous nous décomposons seulement pour le temps que Dieu a fixé à chacun, pour que nous puissions obtenir une plus belle résurrection (2). Car à la façon des semences jetées en terre, nous ne périssons pas dans la dissolution, mais nous sommes semés pour ressusciter, puisque la mort a été réduite à rien par la grâce du Sauveur. C'est pourquoi le bienheureux Paul, qui se fait pour tous le garant de la résurrection, dit : "Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité. Quand le corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et le mortel l'immortalité, alors se réalisera la parole qui a été écrite : la mort a été absorbée dans la victoire ; où est, mort, ton aiguillon ? où, enfer, ta victoire ?" (I Cor., XV, 53-55). » (1) : Les métaphores du temple et de l'instrument sont familières à la christologie de saint Athanase. Bien qu'elles aient été reprochées à Nestorius, elles seront reprises dans la formule d'union de 433. (2) : Après la mort rédemptrice du Sauveur, la mort a perdu pour les hommes son caractère de pénalité, elle n'est plus que le résultat de leur condition de créatures, et le moyen pour eux de parvenir à la résurrection glorieuse. Une telle conception, qui semble oublier que la mort reste chose douloureuse et cruelle, et qu'elle demeure une conséquence du péché (Rom., VI, 12 ; I Cor., XV, 21), paraîtra assurément trop optimiste, même si elle peut s'appuyer sur certains textes de saint Paul (Rom., VIII, 17 ; II Tim., II, 11). St Athanase d'Alexandrie, Traité sur l'Incarnation du Verbe (20-21 : La Rédemption), Trad. et notes de P. Th. Camelot o.p., SC n°18, Le Cerf, 1946. |