« La piété catholique consacre à Marie les deux mois entiers de mai et d'octobre. Mai, le mois des fleurs, et octobre, le mois des fruits ! [...] "A chaque Ave Maria récité ici-bas par les fidèles, écrit sainte Gertrude, trois ruisseaux, procédant du Père, du Fils et du Saint-Esprit, pénètrent avec un élan impétueux et suave dans le Coeur de Marie, et, revenant à leur source, ils délectent tellement la Vierge que cette joie rejaillit sur tous les saints, les anges et sur tous ceux qui Lui rappellent cette salutation" (cf. Révélations). Ce rejaillissement n'est autre, pour nous, que l'effusion des dons divins obtenue par les Ave Maria du Rosaire, et cette effusion est d'autant plus abondante et plus sûre, qu'à redire sans cesse les paroles de son admiration et de son amour pour Marie, "l'âme s'imprègne de l'esprit de l'Immaculée Mère de Dieu, pénètre dans l'intimité de Jésus, et finit par vivre, avec ces divins modèles, dans ne communauté de pensée et de volonté d'où résultent à la fois la transformation progressive de notre vie et la puissance croissante de nos prières. Nous savons de mieux en mieux ce qu'il faut dire et nous le disons de mieux en mieux, dans l'assurance, toujours plus affermie d'arriver, par le Coeur de la Mère, au Coeur du Fils et d'en tirer des trésors inépuisables de grâce et de salut" (P. Ollivier o.p., Sermon sur le Rosaire). Saint Dominique connut admirablement cette puissance du Coeur de Marie sur le Coeur de Jésus et l'ascendant du coeur du simple chrétien sur le Coeur de la Reine des cieux par le Rosaire. Aussi, au milieu de l'effroyable effondrement de la foi et de la piété catholique dont il fut témoin dans le Midi de la France, alors que les plus courageux désespéraient du triomphe de la Vérité et de la Justice, l'héroïque serviteur de Dieu, seul, ne cessa d'y croire et de l'espérer. c'est qu'il avait les promesses de la divine Marie, qui lui avait dit : "Exhorte les hommes à réciter mon Rosaire et il en résultera un grand fruit pour les âmes". L'histoire nous dit la magnifique réponse que Dieu donna à la confiance de son apôtre et continue de donner à travers les siècles à ceux qui s'efforcent de l'imiter. » H. Lacomme, o.p., "Messager du Coeur de Jésus", Mai 1916, in Abbé R. Béringer, Recueil Documentaire - La Très Sainte Vierge, Librairie Brunet, Arras, 1927. |
N.B. : seuls les couplets de gauche sont interprétés ici. Vivre d'Amour !... (Air du cant. - Il est à moi.) Au soir d'Amour, parlant sans parabole Jésus disait : « Si quelqu'un veut m'aimer « Toute sa vie, qu'il garde ma Parole « Mon Père et moi viendrons le visiter. « Et de son cœur faisant notre demeure « Venant à lui nous l'aimerons toujours !... « Rempli de paix, nous voulons qu'il demeure « En notre Amour !... » Vivre d'Amour, c'est te garder Toi-Même, Verbe incréé ! Parole de mon Dieu, Ah ! tu le sais, Divin Jésus, je t'aime L'Esprit d'Amour m'embrase de son feu C'est en t'aimant que j'attire le Père Mon faible cœur le garde sans retour. O Trinité ! vous êtes Prisonnière De mon Amour !... Vivre d'Amour, c'est vivre de ta vie, Roi glorieux, délices des élus. Tu vis pour moi, caché dans une hostie Je veux pour toi me cacher, ô Jésus ! A des amants, il faut la solitude Un cœur à cœur qui dure nuit et jour Ton seul regard fait ma béatitude Je vis d'Amour !... Vivre d'Amour, ce n'est pas sur la terre Fixer sa tente au sommet du Thabor. Avec Jésus, c'est gravir le Calvaire, C'est regarder la Croix comme un trésor !... Au Ciel je dois vivre de jouissance Alors l'épreuve aura fui pour toujours Mais exilée je veux dans la souffrance Vivre d'Amour. Vivre d'Amour, c'est donner sans mesure Sans réclamer de salaire ici-bas Ah ! sans compter je donne étant bien sûre Que lorsqu'on aime, on ne calcule pas !... Au Cœur Divin, débordant de tendresse J'ai tout donné... légèrement je cours Je n'ai plus rien que ma seule richesse Vivre d'Amour. Vivre d'Amour, c'est bannir toute crainte, Tout souvenir des fautes du passé. De mes péchés je ne vois nulle empreinte, En un instant l'Amour a tout brûlé... Flamme divine, ô très douce Fournaise ! En ton foyer je fixe mon séjour C'est en tes feux que je chante à mon aise : « Je vis d'Amour !... » Vivre d'Amour, c'est garder en soi-même Un grand trésor en un vase mortel Mon Bien-Aimé, ma faiblesse est extrême Ah ! je suis loin d'être un ange du ciel !... Mais si je tombe à chaque heure qui passe Me relevant tu viens à mon secours A chaque instant tu me donnes ta grâce, Je vis d'Amour. Vivre d'Amour, c'est naviguer sans cesse, Semant la paix, la joie dans tous les cœurs Pilote Aimé, la Charité me presse Car je te vois dans les âmes mes sœurs La Charité, voilà ma seule étoile A sa clarté je vogue sans détour J'ai ma devise écrite sur ma voile : « Vivre d'Amour. » Vivre d'Amour, lorsque Jésus sommeille, C'est le repos sur les flots orageux. Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t'éveille J'attends en paix le rivage des cieux... La Foi bientôt déchirera son voile Mon Espérance est de te voir un jour La Charité enfle et pousse ma voile, Je vis d'Amour !... Vivre d'Amour, c'est, ô mon Divin Maître Te supplier de répandre tes Feux En l'âme sainte et sacrée de ton Prêtre Qu'il soit plus pur qu'un séraphin des cieux !... Ah ! glorifie ton Eglise Immortelle, A mes soupirs, Jésus, ne sois pas sourd. Moi son enfant, je m'immole pour elle, Je vis d'Amour. Vivre d'Amour, c'est essuyer ta Face C'est obtenir des pécheurs le pardon O Dieu d'Amour ! qu'ils rentrent dans ta grâce Et qu'à jamais ils bénissent ton Nom... Jusqu'à mon cœur retentit le blasphème Pour l'effacer, je veux chanter toujours : « Ton Nom Sacré, je l'adore et je l'Aime, Je vis d'Amour !... » Vivre d'Amour, c'est imiter Marie, Baignant de pleurs, de parfums précieux, Tes pieds divins, qu'elle baise ravie Les essuyant avec ses longs cheveux... Puis se levant, elle brise le vase Ton Doux Visage elle embaume à son tour. Moi, le parfum dont j'embaume ta Face C'est mon Amour !... « Vivre d'Amour, quelle étrange folie ! » Me dit le monde, « Ah ! cessez de chanter, « Ne perdez pas vos parfums, votre vie, « Utilement sachez les employer !... » T'aimer, Jésus, quelle perte féconde !... Tous mes parfums sont à toi sans retour, Je veux chanter en sortant de ce monde : « Je meurs d'Amour ! » Mourir d'Amour, c'est un bien doux martyre Et c'est celui que je voudrais souffrir. O Chérubins ! accordez votre lyre, Car je le sens, mon exil va finir !... Flamme d'Amour, consume-moi sans trêve, Vie d'un instant, ton fardeau m'est bien lourd ! Divin Jésus, réalise mon rêve : Mourir d'Amour !... Mourir d'Amour, voilà mon espérance Quand je verrai se briser mes liens Mon Dieu sera ma Grande Récompense Je ne veux point posséder d'autres biens. De son Amour je suis embrasée Je veux Le voir, m'unir à Lui toujours Voilà mon ciel... voilà ma destinée : Vivre d'Amour !!!... Source : Oeuvres complètes, Poésies, PN 17, Editions du Cerf. |