“Par l’ordination, et la mission reçue des évêques, les prêtres sont mis au service du Christ Docteur, Prêtre et Roi; ils participent à son ministère qui, de jour en jour, construit ici-bas l’Église pour qu’elle soit le Peuple de Dieu, Corps du Christ, Temple du Saint-Esprit.” (1)
Le Presbytérat dans la mission de l’Église Dans le Christ Jésus, “tous les chrétiens deviennent un sacerdoce saint et royal, offrant les sacrifices spirituels à Dieu par Jésus-Christ.” Mais tous les membres du Corps du Christ n’ont pas la même fonction. “Parmi eux, des ministres sont investis par l’Ordre du pouvoir sacré d’offrir le Sacrifice et de remettre les péchés.” Le Christ a envoyé les apôtres... puis par les apôtres “il fait participer à sa consécration et à sa mission les évêques, leurs successeurs, dont la fonction ministérielle a été transmise aux prêtres à un degré subordonné,...” comme coopérateurs de l’Ordre épiscopal. “Le sacerdoce des prêtres, s’il repose sur les sacrements de l’initiation chrétienne, est cependant conféré au moyen d’un sacrement particulier qui, par l’onction du Saint-Esprit, les marque d’un caractère spécial et les configure ainsi au Christ Prêtre pour les rendre capables d’agir au nom du Christ Tête en personne... C’est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens, en union avec le Sacrifice du Christ, unique médiateur, offert au nom de toute l’Église dans l’Eucharistie par les mains du prêtre, de manière sacramentelle et non sanglante, jusqu’à ce que le Seigneur vienne lui-même.” “Ainsi donc, la fin que les prêtres poursuivent dans leur ministère et dans leur vie, c’est de rendre gloire à Dieu le Père dans le Christ... dans les temps de prière et d’adoration comme dans l’annonce de la Parole, dans l’offrande du Sacrifice Eucharistique ou l’administration des autres sacrements...” (2) Les prêtres vivent avec les hommes comme avec des frères... Pourtant, ils ont été mis à part au sein du peuple de Dieu, pour l’Évangile de Dieu, pour “être totalement consacrés à l’œuvre à laquelle le Seigneur les appelle.” Ils vivent dans le monde sans être du monde. D’où certaines qualités qui leur sont indispensables: la bonté, la sincérité, la force morale, la persévérance, la passion pour la justice, la délicatesse... (3) Le ministère des prêtres Nul ne peut être sauvé s’il n’a d’abord cru: la première fonction des prêtres est donc l’annonce de l’Évangile, conformément à l’ordre du Seigneur: “Allez... enseignez toutes les nations.” Il “s’agit pour eux d’enseigner, non pas leur propre sagesse, mais la Parole de Dieu et d’inviter tous les hommes, avec insistance, à la conversion et à la sainteté... Cette prédication sacerdotale, souvent très difficile, doit, en outre, appliquer la vérité permanente de l’Évangile aux circonstances concrètes de la vie.” (4) Consacrés par l’évêque, les prêtres participent au sacerdoce du Christ: “Par le Baptême ils font entrer les hommes dans le Peuple de Dieu; par le sacrement de Pénitence, ils réconcilient les pécheurs avec Dieu et avec l’Église; par l’onction des malades, ils soulagent ceux qui souffrent.” Mais le ministère essentiel des prêtres, c’est la célébration de la Messe. En effet, tous les sacrements... “sont liés à l’Eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, lui notre Pâque, lui le pain vivant, lui dont la chair, vivifiée par l’Esprit-Saint et vivifiante, donne la vie aux hommes...” “C’est l’assemblée eucharistique qui est le centre de la communauté chrétienne présidée par le prêtre... qui éduque les chrétiens à soumettre leurs péchés à l’Église avec un cœur contrit dans le sacrement de Pénitence, pour se convertir de plus en plus au Seigneur...” (5) Les prêtres sont les chefs du Peuple de Dieu et reçoivent un pouvoir spirituel pour construire l’Église, “selon les exigences de la doctrine et de la vie chrétienne...” Les prêtres se doivent à tous, mais ils “considèrent que les pauvres et les petits leur sont confiés d’une manière spéciale... Ils n’oublient pas les religieux et les religieuses... et auront un grand souci des malades et des mourants.” “Aucune communauté chrétienne ne peut se construire sans trouver sa racine et son centre dans la célébration de l’Eucharistie; c’est donc par celle-ci que doit commencer toute éducation de l’esprit communautaire.” (6) C’est aux évêques que revient la responsabilité de la sainteté de leurs prêtres, et les prêtres doivent respecter en eux l’autorité du Christ, Pasteur suprême. “L’union des prêtres avec les évêques est une exigence particulière de notre temps...” (7) Par ailleurs, il “est essentiel que tous les prêtres, diocésains aussi bien que religieux, s’aident entre eux et travaillent toujours ensemble à l’œuvre de la vérité.” De plus, les prêtres ont besoin de s’entraider pour le développement de leur vie spirituelle et intellectuelle... et d’éviter les dangers que peut entraîner l’isolement. (8) ”Le sacrement de l’Ordre confère aux prêtres de la Nouvelle alliance une fonction éminente et indispensable dans et pour le peuple de Dieu, celle de pères et de docteurs... Au milieu de tous les baptisés, les prêtres sont des frères parmi leurs frères, membres de l’unique et même Corps du Christ dont la construction a été confiée à tous.” Ils ne doivent pas rechercher leurs propres intérêts, mais ceux de Jésus-Christ, et pour servir leurs frères. Ils devront savoir discerner et utiliser les charismes et les compétences des laïcs “pour leur donner des responsabilités au service de l’Église.” (9) Le décret Presbyterorum Ordinis aborde également les problèmes d’organisation, de répartition des prêtres, des séminaires et des vocations sacerdotales. Les questions de santé psychique et physique sont également prises en compte, ainsi que le souci de la direction spirituelle des jeunes. (10 et 11) La vie des prêtres La vocation première des prêtres, c’est la sainteté. Les prêtres, ministres du Christ pour construire son Corps, sont configurés au Christ par le sacrement de l’Ordre: “Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.” Consacrés à Dieu, les prêtres sont dotés d’une grâce particulière pour tendre plus facilement à la perfection par le service aux hommes qui leur sont confiés. “Les prêtres, consacrés par l’onction du Saint-Esprit et envoyés par le Christ, font mourir en eux les œuvres du corps pour être tout entiers donnés au service des hommes: telle est la sainteté dont le Christ leur fait don, et par laquelle ils approchent de l’Homme parfait... Ce qui ordonne leur vie à la perfection, ce sont leurs actes liturgiques de chaque jour.” (12) La sainteté des prêtres est essentielle pour rendre fructueux le ministère qu’ils accomplissent. “C’est pourquoi ce saint Concile... rappelle instamment à tous les prêtres qu’avec l’aide des moyens adaptés que l’Église leur propose, ils doivent s’efforcer de vivre de plus en plus une sainteté qui fera d’eux des instruments toujours plus adaptés au service du peuple de Dieu tout entier.” (12) Ministres de la parole pour l’enseigner aux autres, les prêtres doivent avoir le souci de l’accueillir en eux-mêmes. Ministres de la liturgie, surtout dans le Sacrifice Eucharistique où ils représentent le Christ qui s’est offert en victime, “il leur est vivement recommandé de célébrer la messe tous les jours... c’est un acte du Christ et de l’Église... Dans l’administration des sacrements, les prêtres s’unissent à l’intention et à la charité du Christ. Ils le font tout spécialement en se montrant toujours prêts et disponibles à administrer le sacrement de Pénitence chaque fois que les chrétiens le demandent de manière raisonnable... Chefs de la communauté, ils pratiquent l’ascèse propre au pasteur d’âmes: renoncer à leurs avantages personnels... afin que le plus grand nombre d’âmes soit sauvés.” Partout ils doivent suivre l’exemple du Christ “dont la nourriture était de faire la volonté de Celui qui l’a envoyé et d’accomplir son œuvre.” Menant la vie du Bon pasteur, les prêtres découvrent que “la charité pastorale découle avant tout du Sacrifice Eucharistique, centre et racine de toute la vie du prêtre...” Il importe donc que les prêtres discernent quelle est la volonté de Dieu sur eux. La fidélité au Christ est inséparable de la fidélité à l’Église, d’où la nécessité du “travail vécu en communion avec les évêques et leurs autres frères dans le sacerdoce.” (13 et 14) Exigences spirituelles particulières de la vie des prêtres Le Concile énumère les qualités indispensables pour le ministère des prêtres: humilité, pauvreté, chasteté et célibat, pauvreté. Parmi les moyens à mettre en œuvre pour leur développement spirituel, signalons la célébration de l’Eucharistie, la confession fréquente préparée “par l’examen de conscience quotidien,” la dévotion à la Sainte Vierge, les temps de retraite et la direction spirituelle. Le Concile recommande également l’étude des Pères et Docteurs de l’Église et une connaissance sérieuse des documents du magistère. L’humilité et l’obéissance “Le véritable ministre du Christ est un homme conscient de sa faiblesse, travaillant dans l’humilité, discernant ce qui plaît au Seigneur, enchaîné par l’Esprit... Le ministère sacerdotal étant le ministère de l’Église, on ne peut s’en acquitter que dans la communion hiérarchique du Corps tout entier...” D’où l’obéissance au pape et aux évêques. ”Cette humilité, cette obéissance responsable et volontaire modèle les prêtres à l’image du Christ. Le célibat et la chasteté “La pratique de la continence parfaite et perpétuelle pour le Royaume des cieux a été recommandée par le Christ Seigneur... C’est une source de fécondité spirituelle dans le monde... En gardant la virginité ou le célibat pour le Royaume des cieux, les prêtres se consacrent au Christ d’une manière nouvelle et privilégiée... Ils témoignent devant les hommes qu’ils veulent se consacrer sans partage à la tâche qui leur est confiée: fiancer les chrétiens à l’Époux unique comme une vierge pure à présenter au Christ. Ils évoquent les noces mystérieuses voulues par Dieu: celles de l’Église avec l’unique Époux qui est le Christ... C’est donc pour des motifs fondés sur le mystère du Christ et sa mission, que le célibat, d’abord recommandé aux prêtres, a été ensuite imposé par une loi dans l’Église latine, à tous ceux qui se présentent aux ordres sacrés.” Cependant, “tout en recommandant le célibat, ce saint Concile n’entend aucunement modifier la discipline différente qui est légitimement en vigueur dans les Églises orientales.” 15 et 16) Pauvreté volontaire Les prêtres doivent toujours se souvenir que, vivant dans le monde, ils ne sont pas du monde, et qu’ils doivent user de ce monde comme n’en usant pas. “Car la mission de l’Église s’accomplit au cœur du monde et les choses créées sont nécessaires au progrès personnel de l’homme... Il faut aussi, que la lumière de la foi les aide (les prêtres) à exercer leur discernement sur ce qui se trouve sur leur chemin... Les prêtres ont le Seigneur pour part et héritage.” Les biens ecclésiastiques seront gérés et toujours employés conformément à leur nature et selon les lois ecclésiastiques... “autant que possible avec l’aide de laïcs compétents.” Les prêtres et les évêques s’assureront un niveau de vie suffisant, mais, en aucun cas “une fonction d’Église ne doit devenir une activité lucrative.” “Une certaine mise en commun matérielle, à l’image de la communauté de biens que vante l’histoire de la primitive Église, est une excellente voie d’accès à la charité pastorale; c’est une manière de vivre louable qui permet aux prêtres de remettre en pratique l’esprit de pauvreté conseillé par le Christ.” (17) Moyens au service de la vie des prêtres Moyens pour le développement de la vie spirituelle et pastorale Il y a d’abord les deux tables de la Bible et de l’Eucharistie, puis la réception des sacrements, spécialement la confession fréquente préparée par l’examen de conscience quotidien. “À la lumière de leur foi... ils peuvent rechercher avec attention les signes de la volonté de Dieu et les appels de sa grâce à travers la diversité des événements de l’existence; ils deviennent ainsi de plus en plus dociles à la mission qu’ils ont assumée dans l’Esprit-Saint. De cette docilité les prêtres retrouvent sans cesse le merveilleux modèle dans la Sainte Vierge Marie... Enfin, les prêtres doivent avoir à cœur de converser chaque jour avec le Christ Seigneur dans la visite et le culte personnel de la Sainte Eucharistie; ils doivent aimer les temps de retraite et tenir à la direction spirituelle.” (18) Les prêtres trouvent une nourriture fructueuse dans l’étude des Pères, Docteurs de l’Église, et autres témoins de la Tradition. Il importe par ailleurs, “qu’ils aient une connaissance sérieuse des documents du magistère, spécialement ceux des Conciles et des papes... Les prêtres sont appelés à perfectionner leurs connaissances religieuses et humaines de façon adaptée et ininterrompue.” Pour faciliter aux prêtres leurs travaux d’étude... le nécessaire sera fait pour mettre à leur disposition tout ce dont ils ont besoin: sessions, congrès, bibliothèques et centres d’études pastorales, etc. “Les évêques veilleront à ce que certains prêtres se consacrent à une étude plus approfondie des sciences sacrées... afin de ne pas manquer de professeurs capables de former les clercs...” (20) Conclusion et exhortation Le Concile est conscient des difficultés dont souffrent les prêtres dans les conditions de la vie actuelle. Plus que les autres chrétiens, les prêtres sont les pierres vivantes qui construisent l’Église... Que les prêtres n’oublient donc jamais ce qui suit: “Ils ne sont jamais seuls dans leur action, ils s’appuient sur la force du Dieu tout-puissant... Qu’ils ne l’oublient pas non plus: ils ont pour compagnons leurs frères dans le sacerdoce, bien plus, les chrétiens du monde entier... Tous les prêtres travaillent ensemble pour accomplir... le mystère du Christ caché depuis les siècles en Dieu qui ne se réalise que peu à peu, par l’effort coordonné de ministères différents, en vue de l’édification du Corps du Christ jusqu’à ce qu’il atteigne toute sa taille... C’est dans la foi que doivent marcher les guides du peuple de Dieu, suivant l’exemple d’Abraham le fidèle...” (22) |