“Envoyée par Dieu aux peuples pour être le Sacrement universel du salut, l’Église,... obéissant au commandement de son Fondateur, est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes. Les apôtres eux-mêmes, en effet, sur lesquels l’Église a été fondée, ont suivi les traces du Christ, prêché la parole de vérité et engendré des églises. Le devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette œuvre.”
De nos jours, compte tenu des conditions nouvelles pour l’humanité, l’Église est appelée de façon encore plus pressante au salut de tous les hommes. (1) Le dessein du Père “De sa nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père.” Ce dessein découle de la Charité du Père, Principe sans Principe, de qui le Fils est engendré et de qui procède le Saint-Esprit. Dieu qui, dans son immense Amour, nous a créés et nous a appelés à partager avec lui sa vie et sa gloire, continue à répandre sur nous sa Miséricorde, et nous invite à constituer un peuple rassemblant dans l’unité ses enfants dispersés. (2) La Mission du Fils “Pour affermir la paix, autrement dit la communion avec lui, et pour établir la fraternité entre les hommes... Dieu décida d’entrer dans l’histoire humaine... en envoyant son Fils dans notre chair, afin d’arracher par lui les hommes à l’empire des ténèbres et de Satan, et de se réconcilier le monde...” Jésus Christ est le médiateur entre Dieu et les hommes; c’est Lui le Nouvel Adam, chef de l’humanité régénérée, rempli de grâce et de vérité. “Par les voies d’une incarnation véritable, le Fils de Dieu est venu pour faire participer les hommes à la nature divine; il s’est fait pauvre alors qu’il était riche afin de nous enrichir par sa pauvreté.” Jésus-Christ est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour nous tous. “Il a assumé la nature humaine dans toute sa réalité... mais elle est chez lui sans péché.” Et l’Esprit du Seigneur est sur lui. Le Christ Jésus a été envoyé par l’Esprit pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres... chercher et sauver ce qui était perdu. “Ce qui a été une fois prêché par le Seigneur ou accompli en lui pour le salut du genre humain, doit être proclamé et répandu jusqu’aux extrémités de la terre.” (3) La mission du Saint-Esprit “Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit descendit sur les disciples pour demeurer avec eux à jamais... C’est à la Pentecôte que commencèrent les actes des Apôtres... C’est le Saint-Esprit qui unifie l’Église tout entière dans la communion et le ministère, et qui la munit des divers dons hiérarchiques et charismatiques.” (4) L’Église est envoyée par le Christ Jésus appela à lui ses douze apôtres pour les envoyer prêcher. Après sa mort et sa résurrection, “le Seigneur qui avait tout pouvoir au ciel et sur la terre, fonda son Église comme le sacrement du salut avant d’être élevé au ciel... Il envoya ses apôtres dans le monde entier en leur donnant cet ordre: “Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit...” “La mission de l’Église s’accomplit donc par l’opération au moyen de laquelle, obéissant à l’ordre du Christ, et mue par la grâce de l’Esprit-Saint et la charité, elle devient un acte plénier présent à tous les hommes et à tous les peuples, pour les amener, par l’exemple de sa vie, par la prédication, par les sacrements et les autres moyens de grâce, à la foi, à la liberté, à la paix du Christ... pour participer pleinement au mystère du Christ...” L’Église continue la mission du Christ en suivant la route qu’Il a suivie sous la poussée de l’Esprit-Saint, c’est-à-dire “la route de la pauvreté, de l’obéissance, du service et de l’immolation de soi dont il est sorti victorieux par sa résurrection.” (5) “Cette tâche, c’est par l’Ordre des évêques, à la tête duquel se trouve le successeur de Pierre, qu’elle doit être accomplie, avec la prière et la collaboration de toute l’Église. Elle est unique et la même partout” bien que les conditions de sa mise en œuvre, généralement progressive, dépendent des conditions liées à l’Église, aux peuples ou aux groupes humains à qui elle s’adresse. “Les initiatives particulières par lesquelles les prédicateurs de l’Évangile, envoyés par l’Église dans le monde entier... sont communément appelées missions.” Le but de ces missions est l’évangélisation des peuples où l’Église n’est pas encore implantée. Le moyen principal de cette évangélisation est la prédication de l’Évangile de Jésus-Christ. Ensuite, quand l’Église est implantée, “l’action missionnaire ne cesse pas: le devoir incombe aux églises particulières déjà formées de la continuer et de prêcher l’Évangile à tous ceux qui sont encore au dehors... L’activité missionnaire découle profondément de la nature même de l’Église; elle en propage la foi qui sauve, elle en réalise l’unité catholique en la répandant, l’apostolicité de l’Église lui donne sa vigueur, elle met en œuvre le sens collégial de sa hiérarchie, elle en atteste, répand et procure la sainteté.” Le décret Ad Gentes évoque alors les méfaits de la division des Chrétiens et incite tous les baptisés à se regrouper en un seul troupeau afin de rendre témoignage du Christ devant les nations. (6) Dieu veut que tous les hommes connaissent la vérité et soient sauvés: c’est la véritable raison d’être de l’activité missionnaire. “Il faut donc que tous se convertissent au Christ connu par la prédication de l’Église, et qu’ils soient incorporés par le Baptême à Lui et à l’Église qui est son Corps.” Certes, il y a des hommes qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile. Ils seront sauvés s’ils ont vécu selon leur conscience, et l’Église se doit de poursuivre son activité missionnaire, “aujourd’hui comme toujours... C’est par elle que le Corps mystique du Christ rassemble et ordonne sans cesse les forces en vue de son propre accroissement.” Ce faisant, l’activité missionnaire glorifie Dieu. (7) “L’activité missionnaire possède un lien intime avec la nature humaine elle-même et ses aspirations... Le Christ et l’Église qui rend témoignage à son sujet par la prédication, transcendent tout particularisme de race ou de nation... Le Christ lui-même est la vérité et la voie que la prédication évangélique découvre à tous, en portant aux oreilles de tous ces paroles du même Christ: Faites pénitence et croyez à l’Évangile... car c’est seulement en faisant mourir ce qui est vieux que nous pouvons parvenir à la nouveauté de vie.” Tous les hommes ont besoin du Christ, Modèle, Maître, Libérateur et Sauveur. Pour nous tous, le Christ a donné sa vie, et l’Évangile a toujours été et continuera d’être un ferment de liberté et de progrès, un ferment de fraternité, d’unité et de paix. (8) Il ne faut pas oublier -et le Décret Ad Gentes insiste sur ce dernier point- l’aspect eschatologique de l’activité missionnaire, “car avant la venue du Seigneur, il faut que la bonne nouvelle soit proclamée à toutes les nations.” Rien ne périt de ce qui est bon dans l’homme, “mais il doit être purifié, élevé et porté à sa perfection pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme.” (9) L’œuvre missionnaire Des milliards d’hommes n’ont pas encore été évangélisés. Aussi la tâche de l’Église est-elle énorme. Il faut que l’Église soit présente dans tous les groupements humains. (10) “Tous les chrétiens sont tenus de manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême, et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés au moyen de la confirmation...” Aussi les chrétiens, “profondément pénétrés de l’Esprit du Christ”, doivent-ils être présents dans les groupements humains, connaître les hommes qui les composent et au milieu desquels ils vivent, établir avec eux un dialogue sincère et patient, et s’efforcer de laisser briller autour d’eux la lumière évangélique “qui ramènera leurs frères sous l’autorité du Dieu Sauveur.” (11) Présence de la charité “La présence des chrétiens dans les groupements humains doit être animée de cette charité dont nous a aimés Dieu qui veut que nous aussi nous nous aimions mutuellement de la même charité. La charité chrétienne s’étend véritablement à tous les hommes, sans aucune distinction de race, de condition sociale ou de religion; elle n’attend aucun profit ni aucune reconnaissance... De même l’Église est, par ses fils, en liaison avec tous les hommes... et de tout son cœur elle se sacrifie pour eux. Les chrétiens doivent donc travailler, ils doivent collaborer avec tous les autres... ” et prendre une part active à l’amélioration des conditions de vie. “Ils doivent se dévouer avec un soin spécial à l’éducation des enfants et des jeunes au moyen d’écoles de toutes sortes... C’est un service de très haute valeur pour les hommes, surtout pour les nations qui montent... Mais l’église ne veut en aucune manière s’ingérer dans le gouvernement de la cité terrestre. Elle ne revendique pour elle-même d’autre titre que celui d’être au service des hommes, Dieu aidant, par sa charité et son service fidèle.” (12) La prédication de l’Évangile et le rassemblement du Peuple de Dieu “Partout où Dieu ouvre un champ libre à la prédication pour proclamer le mystère du Christ, on doit annoncer, à tous les hommes... le Dieu vivant et Celui qu’Il a envoyé pour le salut de tous, Jésus-Christ, pour que les non-chrétiens, le Saint-Esprit ouvrant leur cœur, croient et se convertissent librement au Seigneur...” Cette conversion initiale introduit dans le mystère de l’amour de Dieu et incite le nouveau converti à entreprendre l’itinéraire spirituel, parfois semé d’épreuves, qui le fera passer du vieil homme à l’homme nouveau. (13) “Ceux qui ont reçu de Dieu par l’intermédiaire de l’Église la foi au Christ doivent être admis au catéchuménat... formation à la vie chrétienne intégrale... et apprentissage adapté par lesquels les disciples sont unis au Christ. Cette initiation chrétienne au cours du catéchuménat doit être l’œuvre, de toute la communauté des fidèles... La vie de l’Église étant apostolique, les catéchumènes doivent apprendre à coopérer activement par le témoignage de leur vie et la profession de leur foi, à l’évangélisation et à la construction de l’Église.” (14) La formation de la communauté chrétienne Ceux que l’Esprit-Saint a appelés, qui croient au Christ, et qui ont été baptisés sont rassemblés “en un seul Peuple de Dieu qui est une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, le Peuple que Dieu s’est acquis... Les missionnaires doivent faire naître des assemblées de fidèles... qui soient telles qu’elles puissent exercer les fonctions à elles confiées par Dieu: sacerdotale, prophétique, royale...” Par le sacrifice eucharistique la communauté chrétienne devient signe de la présence de Dieu, témoigne du Christ et marche dans la charité. La communauté des fidèles, pénétrée de l’esprit évangélique, pourvoit elle-même à ses besoins. Des écoles valables, et des associations faciliteront l’apostolat des laïcs et l’exercice de la charité. “Les chrétiens venus de tous les peuples et rassemblés dans l’Église doivent vivre pour Dieu et le Christ selon les usages et le comportement de leur pays, pour cultiver vraiment et efficacement, en bons citoyens l’amour de la patrie, pour éviter cependant de manière absolue le mépris à l’égard des races étrangères, le nationalisme acerbe, et promouvoir l’amour universel des hommes.” Après avoir précisé l’importance de l’action des laïcs, le décret rappelle la nécessité des ministères divers, suscités par l’appel divin, au sein même de l’assemblée des fidèles: les prêtres, les diacres et les catéchistes, les religieux et les religieuses. (15) Il est indispensable, en effet, que se constitue un clergé local “et que les jeunes églises acquièrent peu à peu une structure diocésaine avec leur clergé propre.” Il conviendra de veiller à la formation spirituelle, doctrinale et pastorale de ces jeunes églises qui apprendront à se consacrer au service du Corps du Christ et à l’œuvre d’évangélisation. La formation sacerdotale, pratiquée dans un esprit d’œcuménisme, intégrera l’histoire et le but de “l’action missionnaire de l’Église et les conditions particulières, sociales, économiques et culturelles de leur propre peuple.” Le décret Ad Gentes souhaite également que des prêtres venant du clergé local soient envoyés dans des universités étrangères et surtout romaines. “Et là où les Conférences épiscopales le jugeront opportun, l’ordre du diaconat devra être rétabli comme état de vie permanent, selon les dispositions de la Constitution sur l’Église. (1)” (16) Les catéchistes ont un rôle essentiel à jouer. “Leur formation doit donc être tellement menée à bien et accommodée au progrès culturel qu’ils puissent remplir le plus parfaitement possible leur fonction en collaborateurs efficaces de l’ordre sacerdotal... Il faut donc multiplier les écoles diocésaines et régionales dans lesquelles les futurs catéchistes cultiveront avec soin la doctrine catholique, surtout en matière biblique et liturgique...” (17) Enfin le décret insiste sur la nécessité d’introduire la vie religieuse sous ses diverses formes, dans les jeunes églises. “La vie contemplative relevant du développement complet de la présence de l’Église, il faut qu’elle soit instaurée partout dans les jeunes églises.” (18) Les églises particulières Les jeunes Églises “Dans les jeunes Églises, la vie du Peuple de Dieu doit acquérir sa maturité dans tous les domaines de la vie chrétienne... Les assemblées de fidèles doivent devenir des communautés de foi, de liturgie et de charité. Les familles doivent devenir des séminaires d’apostolat des laïcs et de vocations sacerdotales et religieuses... Les moyens de communication sociale seront employés de manière opportune et prudente.” Les évêques, de plus en plus pénétrés du sens du Christ et de l’Église, “doivent sentir et vivre avec l’Église universelle. Intime doit demeurer la communion des jeunes Églises avec l’Église tout entière; elles doivent en joindre les éléments traditionnels à leur culture propre pour accroître la vie du Corps Mystique par des échanges mutuels.” Les jeunes églises, “situées très souvent dans des contrées plus pauvres du globe, souffrent d’une insuffisance, d’ordinaire très grave, de prêtres et d’un manque de subsides matériels. Aussi ont-elles un grand besoin que l’action missionnaire continuée, de l’Église tout entière, leur procure les secours qui servent tout d’abord au développement de l’église locale et à la maturité de la vie chrétienne... Cette action missionnaire doit aussi apporter son aide aux églises fondées de longue date, qui se trouvent dans un état de régression et de faiblesse.” (19) L’activité missionnaire des jeunes Églises L’église particulière doit savoir qu’elle aussi est envoyée à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ. “Le ministère de la parole est indispensable pour que l’Évangile parvienne à tous.” L’évêque doit donc, d’abord et avant tout, être un prédicateur de la foi qui amène au Christ de nouveaux disciples. “Dans les jeunes églises, les prêtres locaux doivent entreprendre avec ardeur l’œuvre de l’évangélisation, organisant une action commune avec les missionnaires étrangers avec lesquels ils forment un seul presbytérium parfaitement uni sous l’autorité de l’évêque... Du même zèle doivent brûler les religieux et les religieuses, et de même les laïcs à l’égard de leurs concitoyens... Les Conférences épiscopales doivent veiller à ce que, à des époques fixes, soient organisés des cours de renouvellement biblique, théologique, spirituel et pastoral...” car les églises doivent avoir des prêtres capables. Enfin, il convient tout à fait que les jeunes églises participent effectivement, et le plus tôt possible, à la mission universelle de l’Église. (20) La présence active des laïcs est indispensable: ils appartiennent aussi au Christ, tout dans leur vie et leurs actions nouvelles (après leur baptême) doit, dans le Christ, être soumis à Dieu afin que Dieu soit tout en tous. “Leur principal devoir c’est le témoignage du Christ... Il faut donc qu’apparaisse en eux l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté véritable.” Ils doivent exprimer cette nouveauté de vie dans leur milieu social et culturel afin de les transformer. “Ils doivent se joindre à leurs concitoyens avec une charité sincère, afin que, dans leur comportement apparaisse un nouveau lien d’unité et de solidarité universelle, puisé dans le mystère du Christ.” Ils doivent aussi répandre la foi du Christ autour d’eux. L’apostolat des laïcs est difficile et grandement estimable. Les ministres de l’Église auront à cœur de les former, de les instruire profondément dans le mystère du Christ. (21) “La semence qui est la parole de Dieu venant à germer dans une bonne terre... portera un fruit abondant... Les jeunes églises enracinées dans le Christ... empruntent aux coutumes et aux traditions de leurs peuples, à leur sagesse, à leur science... tout ce qui peut contribuer à manifester la Gloire du Créateur...” On examinera comment la philosophie et les sagesses des peuples peuvent s’accorder avec les mœurs chrétiennes, mais “toute apparence de syncrétisme et de faux particularisme sera repoussée.” (22) Les missionnaires “Le Christ appelle toujours parmi ses disciples ceux qu’il veut pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher aux peuples païens... Aussi, par le Saint-Esprit... inspire-t-il la vocation missionnaire dans le cœur d’individus et suscite-t-il dans l’Église des Instituts qui se chargent de la mission d’évangélisation.” Il s’agit ici de vocations spéciales douées de certaines aptitudes particulières. “Envoyés par l’autorité légitime, ils partent dans la foi et l’obéissance vers ceux qui sont loin du Christ, et pour l’œuvre en vue de laquelle ils ont été choisis.” (23) Quand Dieu appelle, l’homme doit répondre et s’attacher tout entier à l’œuvre de l’Évangile. “Mais cette réponse ne peut être donnée qu’à l’invitation et avec la force de l’Esprit-Saint.” Le missionnaire doit donc être prêt à renoncer à lui-même et à se faire tout à tous. Il doit avoir l’audace de parler comme il le faut, “sans rougir, du scandale de la Croix. Suivant les traces de son Maître qui est doux et humble de cœur... il doit rendre témoignage à son Seigneur et même, si c’est nécessaire, jusqu’à l’effusion du sang.” (24) La formation des missionnaires “Le futur missionnaire doit être préparé à une si noble tâche par une formation spirituelle et morale spéciale. Il doit être prompt à prendre des initiatives, avoir de la constance pour mener à bout ses œuvres, persévérant dans les difficultés; il doit supporter patiemment, courageusement, la solitude, la fatigue, le travail stérile...Il s’adaptera généreusement aux mœurs étrangères des peuples, aux situations changeantes... En plein accord avec eux et avec une charité réciproque, il apportera son travail et son aide à ses frères... en sorte qu’ils soient, à l’imitation de la communauté apostolique, un seul cœur et une seule âme... Pénétré d’une foi vive et d’une espérance inébranlable, le missionnaire doit être un homme de prière... Par l’esprit de sacrifice, il doit porter en lui l’état de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus opère en ceux à qui il est envoyé.” Le missionnaire continuera ainsi la mission du Christ sous l’autorité hiérarchique de l’Église. (25) “Tous les missionnaires -prêtres, frères, sœurs, laïcs- doivent être préparés et formés chacun selon sa situation... Leur formation doctrinale doit être organisée de telle manière qu’elle embrasse l’universalité de l’Église et la diversité des nations...” De plus, il est absolument nécessaire “au futur missionnaire de s’adonner aux études missiologiques, c’est-à-dire de connaître la doctrine et les règles de l’Église sur l’activité missionnaire, de savoir quels chemins les messagers de l’Évangile ont parcourus au cours des siècles, ainsi que la situation actuelle des missions, en même temps que les méthodes jugées actuellement plus efficaces... Le plus grand nombre possible de frères et de sœurs doivent être instruits convenablement de l’art de la catéchèse...” Le décret souhaite aussi que les instruments techniques et les moyens de communication soient utilisés.(26) Le décret Ad Gentes loue les œuvres accomplies par les instituts missionnaires, et les estiment toujours absolument indispensables. (27) Le décret donne de nombreux conseils pratiques sur l’organisation de l’activité missionnaire, tant des individus que des instituts, et toujours sous l’autorité du Pontife romain. (28 à 34) La Coopération “L’Église étant tout entière missionnaire, et l’œuvre de l’évangélisation étant le devoir fondamental du peuple de Dieu, le Saint Concile invite tous les chrétiens à une profonde rénovation intérieure, afin qu’ayant une conscience vive de leur propre responsabilité dans la diffusion de l’Évangile, ils assument leur part dans l’œuvre missionnaire auprès des païens.” (35) Tous les fidèles, quels qu’ils soient, “sont tenus de coopérer à l’expansion et au développement de son Corps, pour l’amener le plus vite possible à sa plénitude... Tous les fils de l’Église doivent avoir une vive conscience de leur responsabilité à l’égard du monde, nourrir en eux un esprit véritablement catholique et dépenser leurs forces pour l’œuvre de l’évangélisation.” Et cela, en vivant leur foi chrétienne le mieux possible. Enfin, tous les chrétiens doivent aussi connaître la situation de l’Église dans le monde et entendre la voix des multitudes qui demandent de l’aide. (36) C’est généralement aux communautés chrétiennes “qu’il appartient de rendre témoignage au Christ devant les nations... C’est ainsi que la communauté tout entière prie, coopère, exerce une activité parmi les peuples païens, par l’intermédiaire de ses fils que Dieu choisit pour cette fonction si magnifique.” Il sera souvent utile de garder contact avec les missionnaires sortis de sa communauté, ou avec une paroisse ou un diocèse des missions. (37) Il ne faut pas oublier que tous les évêques ont été consacrés pour le salut du monde entier, et que, sous la dépendance de Pierre, ils doivent prêcher l’Évangile, le diocèse de chaque évêque devenant ainsi missionnaire avec lui. (38) En ce qui concerne le devoir missionnaire des évêques, le décret Ad Gentes donne une certain nombre de conseils d’organisation, notamment avec les Conférences épiscopales. (38) Tous les prêtres, qui représentent le Christ, doivent “comprendre à fond, que leur vie a été consacrée aussi au service des missions.” Pour ce faire, ils stimuleront le zèle des fidèles pour l’évangélisation du monde. “Ils enseigneront aux familles chrétiennes la nécessité et l’honneur de cultiver des vocations missionnaires parmi leurs propres fils et filles...” Enfin les prêtres “ne devront pas rougir de demander des aumônes pour les missions, devenant comme des mendiants pour le Christ et le salut des âmes.” (39) Tous les Instituts religieux, qu’ils soient de vie contemplative ou active, ont une très grande importance “dans la conversion des âmes, puisque c’est Dieu qui envoie à notre prière des ouvriers pour sa moisson... Bien plus, ces Instituts sont invités à fonder des maisons dans les territoires des missions... Ils rendent ainsi parmi les non-chrétiens un magnifique témoignage de la majesté et de la charité de Dieu, et de l’union dans le Christ.” (40) Les laïcs sont des témoins dans l’œuvre d’évangélisation. “Dans les territoires des missions, les laïcs, qu’ils soient étrangers ou autochtones, doivent enseigner dans les écoles, avoir la gestion des affaires temporelles, collaborer à l’activité paroissiale et diocésaine, établir et promouvoir les diverses formes de l’apostolat des laïcs, pour que les fidèles des jeunes églises puissent assumer le plus vite possible leur propre part dans la vie de l’Église.” (41) Conclusion “Les Pères du Concile sentent très profondément le devoir d’étendre partout le Règne de Dieu...” Comme tous ceux qui souffrent la persécution, ils “sont enflammés du même amour dont le Christ a brûlé pour les hommes... Ils répandent leurs prières avec tous les chrétiens pour que, par l’intercession de la Vierge Marie, Reine des Apôtres, les nations soient amenées le plus tôt possible à la connaissance de la vérité, et que la gloire de Dieu qui resplendit sur la face du Christ commence à luire pour tous par le Saint-Esprit.” (42) (1) : Princeps Pastorum de Jean XXIII, du 28 nov. 1959 |